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Les tiers-lieux, une opportunité dans le renouvellement des quartiers nord ?

Par Timothée Leurent, habitant du quartier

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La ligne C et la densification

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Les quartiers nord sont soumis à une très forte pression d’urbanisation et de densification autour des futures stations de la ligne C : Toulouse Lautrec, La vache, Fondeyre et Ponts jumeaux.

Le comité de quartier joue un rôle important pour :

  • Veiller à ce que la densification reste raisonnable et compatible avec la vie du quartier,

  • Être force de proposition pour que le renouvellement du quartier soit une opportunité d’amélioration du cadre de vie.

Les quartiers nord ont déjà subi une urbanisation non maîtrisée ces dernières années (par ex. le bd. Silvio Trentin), sans accompagnement adapté de la collectivité. De plus, le territoire est contraint par des grands axes (chemin de fer, grandes voies circulantes) qui créent des discontinuités. Dans cet ensemble, l’équilibre est fragile entre des quartiers plus favorisés et des QPV (Quartiers Prioritaires de la Ville).

L’évolution du quartier doit atténuer ces discontinuités et reforger un équilibre dans la mixité. Le nord des minimes doit s’appuyer sur des aménagements et des logements de qualité qui créent de l’attractivité, support de mixité.

Dans ce contexte, quels sont les facteurs d’une densification réussie qui amélioreraient le quartier ?

 

Les clés d’une densité positive

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Selon les études du Cerema, l’acceptabilité de la densité n’est pas directement corrélée à la densité mesurée (nombre d’habitants / surface). Son appréciation est liée à la proportion d’espaces publics et à leur qualité autour du triptyque "nature, services, transports".

Les transports vont être améliorés avec la troisième ligne de métro et le REV (Réseau Express Vélo). Les espaces verts restent un des grands combats du comité dans un quartier avec la plus faible surface d’espaces verts par habitant du secteur après l’hyper centre.

Les services recouvrent les différents besoins du quotidien. Faces aux enjeux de mixités et d’attractivité des quartiers nord, les tiers lieux peuvent être supports de multiples services.

 

Les tiers-lieu, facteur de vivre ensemble

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Un tiers lieu c’est un espace qui regroupe différents usages (coworking, café culturel, fablab, …) et différents publics, facteur de mixité sociale et de convivialité, qui s’appuie sur les dynamiques existantes et les besoins du quartier.

Ce sont donc des espaces où l’on se rassemble, où l’on tisse des liens avec ses voisins, où l’on peut se rencontrer de manière informelle. Ce sont des lieux de sociabilité du quotidien. À cette fonction sociale, s’ajoute une fonction politique de participation citoyenne. Ces lieux permettent d’apprendre, de débattre, de s’organiser.

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L’installation d’un tiers lieu représente un coût pour la collectivité en « grevant » du foncier non valorisé sur le plan immobilier mais qui est tellement nécessaire pour la qualité de vie. À ce titre, le « parc de la salade » conquis par le comité de quartier sur des projets immobiliers a aujourd’hui une valeur inestimable pour les habitants qui ne peut plus être remis en question.

 

« Les Halles de la Cartoucherie » est le tiers lieu le plus connu de Toulouse. C’est un espace de dynamisation et de valorisation considérable pour ce quartier. Il transforme l’image du quartier et l’envie d’y habiter ou d’y passer.

Les quartiers nord disposent déjà de deux tiers lieux ancrés dans l’histoire du quartier. Ils sont identifiés comme « Lieux Totems » de l’économie sociale et solidaire par Toulouse métropole :

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  • Les Imbriqués (artisanat)

  • Edenn (maraîchage)

 

Eden est située sur la route de Launaguet, juste avant la rocade. Le lieu regroupe notamment des jardins partagés ainsi que des associations pour l’essaimage du maraîchage et du compostage dans les espaces collectifs.

Les Imbriqués, situés route de Fenouillet près du canal latéral, sont logés dans un bâtiment industriel de 3 travées. Une travée est occupée par l’atelier des bricoleurs autour du partage de machines bois et de la soudure. Une travée accueille une dizaine d’artisans d’art. La troisième travée est libre …

Le bâtiment a été racheté par l’Établissement Public Foncier Local (EPFL) de Toulouse métropole dans le cadre des aménagements de la ligne C. Les Imbriqués sont sous un bail précaire d’un an renouvelable. Le bâtiment peut être détruit du jour au lendemain pour en faire … un immeuble de plus ?

Ce serait une perte considérable pour le quartier. L’enjeu aujourd’hui est de valoriser la troisième travée, par exemple autour d’espaces de restauration et d’une guinguette qui amènerait de la vie dans le quartier autour d’un bel espace de convivialité qui mélangerait artisanat, art, culture et guingette, qui pourrait ressembler à une petite « Halles de la Cartoucherie » familiale.

Est-ce que ce type de projet peut fonctionner dans les quartiers nord ? Il suffit de regarder le succès du Minou, guinguette du MIN pour s’en persuader. Même en étant au fond d’un parking et derrière des entrepôts de stockage on ne peut plus y aller aujourd’hui sans réserver !

On peut également citer deux autres exemples de tiers lieux emblématiques qui ont contribué à transformer en profondeur la qualité de vie et la rencontre des habitants :

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  • Le bar culturel « La passerelle », rue des anges vers les Mazades, lieu regroupant tous les publics, multipliant les propositions culturelles et festives, tourné vers les envies des habitants.

  • L’espace Job, regroupant spectacles, résidences d’artistes, bibliothèque, piscine, école de musique … dans une ancienne papeterie transformée en centre culturel.

 

Une autre opportunité se trouve peut-être dans la maison de la pétanque, rue des anges, qui pourrait évoluer sur du multiusage ? Un food court au milieu des terrains de pétanque ? Ce serait une belle opportunité mais il faut veiller à ne pas concentrer les activités sur les minimes. Les lieux attractifs doivent se maintenir et se développer au nord de barrière de Paris.

 

Et l’urbanisme transitoire ?

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L’urbanisme transitoire c’est la valorisation de terrains ou de bâtiments inoccupés, avec des projets permettant d’accueillir des activités variées (coworking, lieu culturel, agriculture urbaine, hébergement d’urgence, ...) sur une durée temporaire plus ou moins longue négociée avec le propriétaire du lieu dans l’attente du projet d’aménagement final. Cela permet également de tester des aménagements à moindre risque (urbanisme tactique) et de travailler sur la préfiguration des usages futurs.

On peut citer comme exemple :

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  • La guinguette éphémère « Place commune », faubourg Bonnefoy, sur les terrains en friche suite à la démolition des bâtiments pour le projet « Grand Matabiau » : https://www.placecommune.fr/

  • L’espace multi-usages de « La bouillonnante », quartier Soupetard, dans le bâtiment de l’ancienne direction régionale d’Orange sur 3 étages et près de 8 000 m2 https://youtu.be/nKAg9Uswfn0?si=iJ9m4wfrS5ZVfkwj 

 

Dans les quartiers nord en pleine transition, avec de nombreux projets sur des concessions automobiles ou d’anciens sites industriels, l’urbanisme transitoire est une opportunité de dynamisation de la vie du quartier.

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Le premier projet d’urbanisme transitoire du quartier à été lancé fin 2024 par l’agence intercalaire dans les bâtiments de la poste de barrière de Paris. Dans l’attente de la transformation des bâtiments en logements, les étages au-dessus du bureau de poste accueilleront des acteurs artistiques et culturels, liés à l’urbanisme, à l’architecture, au réemploi, au monde associatif et à l’économie sociale et solidaire. Le lieu sera ouvert sur le quartier pour créer du lien avec les habitants.

🚀 L'Agence Intercalaire ouvre un nouveau lieu aux Minimes ! (mjt.lu)

 

Les tiers lieu et l’urbanisme transitoire représentent donc une belle opportunité pour le quartier à saisir par les habitants et les politiques.

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